L’objectif de toute surveillance est de pouvoir anticiper suffisamment à l’avance un phénomène redouté. Elle nécessite de bien comprendre les mécanismes d’initiation et de développement de ce phénomène, ainsi que les éventuels facteurs internes ou externes qui facilitent, aggravent ou limitent son déclenchement. Elle repose sur l’acquisition de données qualitatives ou quantitatives sur une période de temps suffisante permettant de prévoir et anticiper le comportement de l’ouvrage ou de l’objet surveillé. Sa mise en œuvre est conditionnée par un ensemble de paramètres parmi lesquels les conditions d’accessibilité, la temporalité (la situation est-elle ponctuelle, temporaire etc. ?) ou encore la faisabilité technique, autant de facteurs qui sont examinés lors de l’étude géotechnique préalable au déploiement de la surveillance.
Inspection géotechnique : saisie de données sur tablette, in situ. Exemple d’audit en cavité de stockage des vins de Champagne
le convergence-mètre, connu aussi sous le nom de canne de convergence, qui mesure le déplacement entre deux surfaces libres ;
l’extensomètre qui mesure la déformation à l’intérieur du massif ou plus généralement le déplacement relatif de deux points à l’intérieur d’un pilier, d’un parement, ou entre des bancs ou couches géologiques ;
le fissuromètre qui mesure l’amplitude des mouvements de part et d’autre d’une fissure ou d’une fracture. Cette amplitude peut être mesurée sur une dimension (simple écartement de la fissure) mais dans certains cas (les fissures obliques, notamment) nécessitent de connaître les mouvements dans les trois directions de l’espace ;
l’inclinomètre qui mesure le basculement de la paroi sur laquelle il est ancré. Il peut également être utilisé en forage pour détecter et suivre, par exemple dans le cas d’un affaissement redouté, la mise en pente des terrains de couverture ;
les mesures topométriques et géodésiques (par GPS différentiel, théodolite motorisé, etc.), utilisées essentiellement pour suivre un mouvement d’abaissement ou d’élévation du sol, manuellement ou de manière automatisée, voire un mouvement en 3D pour les mesures GPS par exemple.
les mesures de déformation par fibres optiques qui selon la technologie permettent de faire de la mesure ponctuelle (réseaux de Bragg), répartie sur de très longues distances (réflectométrie Brillouin) ou sur des distances plus courtes, mais avec une résolution spatiale millimétrique (réflectométrie Rayleigh).
A gauche un fissuromètre, à droite un extensomètre en forage horizontal
Les mesures de pression d’eau souterraine
Parmi les dispositifs les plus répandus, les piézomètres sont utilisés pour les mesures de pression d’eau. Ils informent essentiellement sur les variations de niveau de nappe.
Certains outils permettent simplement la mesure de la teneur en eau volumique du massif et/ou informent sur l’état de saturation des terrains. Ils existent plusieurs technologies : TDR, TFR, tensiomètre etc…
Installation d’un capteur de teneur en eau volumique dans un massif de craie
Les mesures de contraintes
Le principe de stabilité d’un ouvrage géotechnique repose sur le fait que les contraintes qui s’exercent à proximité, à l’interface ou sur l’ouvrage restent inférieures aux seuils de résistance à la rupture.
Dans le massif rocheux, on parle plutôt de mesures de contraintes. Elles peuvent être réalisée à partir de cellules de pression totale, de capteurs de déformations, de cellules creuses à jauges de déformation à inclusion souple ou rigide, ou si nécessaire d’une combinaison de méthodes géotechniques complémentaires. Avec les outils d’aide à l’analyse adaptés, les champs de contraintes mesurés, en amplitude et en orientation, peuvent offrir une vision précise du champ de contraintes, ainsi que des zones de gradients et de concentrations possibles.
Mesures de contraintes par surcarottage en pied de barrage